3 Erreur fondamentale

C’est Lee Ross (1977) qui parla le premier d’erreur fondamentale. On définit celle-ci par le fait qu’on va privilégier dans nos explications l’aspect interne de l’individu à travers le regard qu’on a sur sa personnalité et sous-estimer les causes externes, les circonstances de la situation.

Heider avait déjà en 1958, crée l’expression : « le comportement engloutit le champ », dans l’idée que seul le comportement de l’individu est mis en relief, pour laisser de côté tout son environnement.

Pour bien comprendre mon propos, je vais vous reprendre un exemple sur le comportement d’assistance. Cet exemple se basait sur l’agression mortelle d’une new-yorkaise, Mme Kitty Genovese, qui avait été observé par 38 témoins depuis leur maison respective.

Latan et Darley (1970), ont mené une série d’étude pour comprendre ce phénomène. Les résultats de ces études démontrent que plus il y a de témoins, moins on a de chances de voir un comportement d’assistance. Ceci est expliqué par l’adhésion de ces témoins où de nous même à la théorie implicite selon laquelle l’homme est profondément bon et raisonnable. Et donc plus, il y a de témoins, plus il y a de chances que la victime soit secourue. De là, on comprend mieux le concept d’erreur fondamentale qui va venir renforcer la théorie implicite de la personnalité.

L’erreur fondamentale a aussi été étudiée sur l’analyse professionnelle des psychologues, afin de savoir si des spécialistes étaient enclins à l’erreur fondamentale ? On reprendra celle de Snyder (1977) qui a jugé le comportement de deux catégories de psychologues les Béhavioristes et les non-Béhavioristes. Ceux-ci devaient se positionner sur l’état d’un sujet qu’on étiquetait dans l’interview comme un « candidat au travail » ou comme « un patient » sans rien changé au texte de l’interview de chaque sujet. Les résultats ont montré que les non-Béhavioristes se basaient beaucoup plus sur l’étiquetage que la situation ; tandis que les Béhavioristes ont pris surtout en compte la situation. On voit là que même des experts, les non-Béhavioristes sont tombés dans l’erreur fondamentale quand ils ont jugé le sujet «patient».

Pour conclure, je reprends textuellement un paragraphe qui remet certaines choses en question, pour vous inviter à réfléchir et à lire le livre que j’ai mis en bibliographie...

« Beaucoup d’études ont comparé l’efficacité thérapeutique de professionnels (psychologiques et psychiatre) et de non-professionnels (aides psychiatriques, étudiants, médecins généralistes, bénévoles, etc.). Il en ressort très nettement qu’en cas de supériorité d’un groupe sur l’autre, elle se manifeste chez les para-professionnels (Durlak, 1979) ! De multiples raisons sont indubitablement à l’origine de cette différence d’efficacité. Je n’en suggérerai qu’une seule. Dans quelle mesure l’erreur fondamentale, reposant sur l’omnipotence des théories implicites de personnalité, n’est-elle pas responsable ? Dans qu’elle mesure les thérapeutes professionnels n’enferment-ils pas leurs clients dans des catégories a priori abusives ? Ce faisant, ne déterminent-ils pas eux-mêmes quels sont les vrais problèmes, les souffrances réelles, de leurs clients ? Imposant leur prisme personnel de vision, ils deviennent aveugles à la spécificité de leur interlocuteur et ne peuvent donc être d’une grande aide.» Jacques-Philipe LEYENS p. 128.

Bibliographie :

« Sommes-nous tous des psychologues ? », Jacques-Philipe LEYENS.

ZERAIBI Akim